Les Aïnous constituent l'une des premières populations du Japon et leur culture ne subsiste quasiment que dans l'île d'Hokkaïdo. Vivant de chasse, de pêche et de cueillette, ils se sont adaptés aux conditions naturelles du nord du Japon. Leurs dieux, les kamuy, prennent diverses formes selon leurs rôles, s'incarnant dans le monde réel sous forme animale ou végétale, ou bien dans le relief. Ainsi, vivant en harmonie avec la nature et les dieux, les Aïnous se considèrent comme faisant partie de la nature. Cette manière de penser, riche d'enseignements, mériterait de nous inspirer quant à la façon d'appréhender la nature dans notre civilisation matérialiste.
«Higashi Ezo nisshi» (conservé à la bibliothèque de l'Université d'Hokkaïdo)
   
À l'époque d'Edo (1603-1868), les voyageurs japonais qui s'aventuraient en terre d'Ezo (ancien nom d'Hokkaïdo) devaient emprunter la voie maritime ou longer la côte, à pied. On arrivait de Honshû par Matsumae. De là, on se dirigeait vers l'Est, le long de la côte pacifique d'Ezo pour arriver à un premier obstacle : le Cap Erimo. La violence des vents et de la mer font de cette zone maritime, un lieu de passage risqué pour les navires et les voyageurs se rendant à Kushiro, Nemuro où vers les îles Kouriles. Les fonctionnaires du gouvernement shogounal, les voyageurs ou les marins n'avaient de choix que de s'en remettre à des guides aïnous qui, vivant là, connaissaient parfaitement les particularités climatiques et géographiques locales. Des documents attestent d'ailleurs de cérémonies effectuées avec les aïnous pour prier pour la sécurité des voyageurs.
La période d'Edo a laissé de nombreux témoignages de voyageurs au Cap Erimo.
  • «Au Cap Erimo, les Aïnous construisent des talismans de bois avec des frises, inaws, et font des offrandes de saké sanctifié» (KIMURA Kenji, dans «Ezo nikki», 1799)
  • «Le rocher appelé Monokune à l'extrémité du cap est recouvert de kombu, cependant les Aïnous, le considérant comme la barbe du dieu Erimo, ne le récoltent jamais» (MATSUURA Takeshirô, «Bogo tôzai Ezo yamakawa chiri torishirabe nisshi», 1858)
À l'instar de ces exemples, de nombreux écrits témoignent que les Aïnous, bien qu'ils aient été contraints de récolter le kombu par les Japonais, ne le faisaient pas sur des lieux sacrés tel que le Cap Erimo.
   
Pour le peuple aïnou, les dieux kamuy étaient présents dans le relief et les phénomènes naturels. Ils ont donc donné des noms aux lieux, selon leur relief ou les phénomènes naturels qui les caractérisaient. Ainsi le nom « enrum » (En-rum, proéminent – tête) qui est à l'origine du nom du Cap Erimo se retrouve dans tous les noms de cap ou de relief proéminent de l'île d'Hokkaïdo.